Pourquoi certains arrêtent de fumer facilement, et pas d’autres (1).

Cet article et le suivant peuvent facilement être transposés à de nombreuses formes d’addiction.

 

Quand je présentais sur les réseaux sociaux mon article « Arrêter de fumer en douceur »,  des personnes m’ont répondu qu’elles avaient arrêté le tabac facilement.

 

Quelques exemples :

  • « J’ai décidé et j’ai arrêté. C’est une question de volonté. »
  • « la cigarette n’a jamais été un pare-angoisse… Quand je fumais, ce n’était que du bonheur…. Et puis un jour, on nous a dit que c’était très dangereux pour notre santé ; alors, j’ai arrêté de fumer ».
  • Et quelques autres, dont je n’ai plus les paroles exactes.

 

Pour toutes ces personnes, il s’agit bien d’un arrêt du tabac tout à fait durable (depuis plusieurs années, voire même des dizaines d’années).

Alors, comment ont-elles fait ? Pourquoi cela a-t-il été plus facile pour elles que pour d’autres ?

 

 

Après tout, c’est un peu ce qui m’est arrivé aussi : j’ai arrêté la cigarette du jour au lendemain, quand j’ai su que j’étais enceinte de mon premier enfant. Il a maintenant 28 ans, et je n’ai pas repris depuis.

 

 

La volonté seulement ?

Il me semble évident (aussi bien à travers ce que je perçois chez mes clients, qu’à travers ce que je constate dans mon propre travail personnel) que quand l’inconscient n’est pas d’accord avec l’un de nos projets, c’est l’inconscient qui gagne.

Formulé autrement : quand beaucoup de parties de vous ont intérêt à ce que vous fumiez, et un intérêt vital, vous allez continuer à fumer… normal, puisque votre cerveau émotionnel, en particulier votre cerveau reptilien, considère cela comme vital.

 

Imaginez que pour arrêter de fumer, il vous suffise de soulever un poids de 20 ou 30 kg, une ou deux fois par jour, pendant une semaine, (imaginez beaucoup plus lourd si vous êtes un as de la musculation). Vous allez faire un réel effort, il va vous falloir de la volonté pour réussir à le soulever, et recommencer les jours qui suivent. Mais après, c’est fini, c’est bon, vous n’avez plus envie de fumer ; et vous êtes tellement entraîné à soulever ce poids que s’il se représente de temps en temps, ce n’est plus un problème pour vous.

Cet exemple concerne ceux qui ont arrêté de fumer sans trop de difficultés. Il y en a même pour qui le poids était bien plus léger.

 

Mais pour d’autres, ceux qui ont fait tellement d’efforts, pour tellement peu de résultats…  la situation est forcément très différente. Au lieu d’un poids de 30 kg à soulever de temps en temps, il s’agit pour eux d’un mur de 30 tonnes, qui retombe continuellement devant eux, malgré toutes leurs tentatives de franchir cet obstacle…

 

Dans le film « Le Pari », les deux pauvres « beaux-frères ennemis » ont fait des dizaines de tentatives, recherché des dizaines de solutions, avec beaucoup de volonté et de « bonne volonté ». Ils ont tout essayé, tout :

    • La volonté pure
  • L’esprit de compétition (chacun a très envie de réussir mieux que l’autre, au moins au début du film).
  • Les patchs
  • Les groupes de soutien (ils ne sont pas tombés sur le meilleur ! … lol)
  • La pensée positive pure et dure, le conditionnement mental.
  • Puis des régimes amaigrissants, devenus bien nécessaires.

Faites-vous une idée de ces solutions qui ne marchent pas, enfin, pas pour tous : en 2 mn (ou en  1h30), tout en étant plié de rire du début à la fin.

 

Ils ont tout essayé, tout. Sauf de se poser la bonne question : qu’est-ce qui les pousse à fumer ?

 

 

Qu’est-ce qui peut pousser quelqu’un à fumer ?

Je ne suis pas une intégriste de l’arrêt du tabac. J’ai fumé pendant plusieurs années, et j’ai ressenti le plaisir qu’on peut avoir à le faire. Et à certains moments, ça m’aurait vraiment manqué de ne pas fumer, à d’autres : moins.

 

Avec le recul, je peux analyser ce qui me poussait à fumer, et ce qui m’a permis d’arrêter du jour au lendemain. L’idée n’est pas de raconter ma vie, mais d’analyser la relation que j’ai eue au tabac, puis d’en tirer des conclusions plus générales.

 

Ma première cigarette, je l’ai fumée vers 13 ans, au cours d’une soirée en famille : un cousin que j’aimais beaucoup m’a proposé d’essayer, mes parents n’étaient évidemment pas enthousiasmés par l’idée, mais ils ont laissé faire, espérant que je n’allais pas aimer cette expérience. Effectivement, je me suis à moitié étouffée en essayant d’avaler la fumée, je n’ai pas vu l’intérêt de continuer.

Mes parents n’appréciaient pas le tabac : ma mère ne fumait pas et je l’entends encore répéter à mon père : « Encore une cigarette ! Tu fumes trop… ». Effectivement, il en était à 2 paquets par jour, mais ne m’encourageait en rien à suivre ses traces.  Il aurait sans doute aimé arrêter, sans savoir comment faire, ni même imaginer que ce soit possible.

 

Ma deuxième cigarette, ça a été à la fac : mes amis fumaient presque tous, le « coin fumeur » était donc très convivial. En fait, tout était un « coin fumeur » ; le tabac était autorisé à peu près partout :  dans les cafés où nous refaisions le monde, même dans les amphis et les salles de classe (si mes souvenirs sont exacts) ; il l’était aussi dans les « wagons fumeurs » où je montais surtout pour rejoindre mes copains. Là, ça puait tellement que l’odeur de mes propres cigarettes m’était plus agréable que celle du tabac froid.

 

Ce qui me poussait à fumer, c’était donc :

  • Des associations d’idées positives, avec des gens que j’aimais beaucoup (les copains et copines de la fac, puis d’autres amis par la suite).
  • Le fait de me sentir « grande »: étudiante, libre, plus une petite fille à qui on dit ce qu’elle doit faire.
  • Fumer était très valorisé à l’époque, c’était associé au désir d’affirmer sa liberté, de penser par soi-même : imaginez la fac des années 70, donc peu après l’effervescence de mai 68 ; on contestait tout et n’importe quoi, mais les idées fusaient de toutes parts. Une émotion de fond, que j’ai gardé longtemps par la suite, puisque je continuais de fumer en préparant mes cours, en lisant… C’était aussi l’époque de la célèbre photo de Brel, Brassens et Ferré, autour d’un cendrier bien plein.
  • Et un tabagisme passif considérable, dont je n’ai mesuré l’ampleur qu’en écrivant cet article… sans doute un élément de plus d’accoutumance.

 

 

En d’autres termes, cette habitude de fumer répondait (plus ou moins) à plusieurs besoins :

  • Besoin de connexion : me relier aux amis qui fumaient
  • Besoin de me sentir adulte.
  • Besoin de reconnaissance : valorisation de moi en tant que personne libre, qui pense par elle-même, identification à des gens qui étaient des références pour moi.
  • Et non-perception des besoins de mon corps, puisque je vivais dans un milieu très pollué par le tabac.

 

Mais dans tout cela, il n’y avait pas de motif vraiment puissant et douloureux : juste une identification à des gens sympa, mais qui n’avaient pas marqué ma vie en profondeur.

 

Vous pourrez voir dans le prochain article quelques exemples des motifs qui peuvent faciliter l’arrêt du tabac, et d’autres, qui le rendent vraiment difficile. Ces motifs sont très différents d’une personne à l’autre.


 

 

 

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