En quoi la culpabilité est-elle utile ?

Ceux et celles qui se débattent dans des réflexes d’auto-flagellation ne vont peut-être pas aimer ce titre. En effet : se demander en quoi la culpabilité est-elle utile peut sembler de très mauvais goût.

Alors qu’elle est douloureuse, pénible, grise, sombre, noire, pesante, engluante, marécageuse… atroce, quoi ! ».

 

On est bien d’accord : la culpabilité qui tourne en boucle est douloureuse, et inutile. Mais ce qui est inutile, ce n’est pas la culpabilité elle-même, c’est le fait qu’elle dure longtemps.  On verra sa raison d’être dans la suite de l’article, et en quoi elle s’insère dans un processus d’évolution (qui pourrait être plus court et plus agréable, d’accord aussi !). Mais il est nécessaire de voir d’abord :

 

Les deux attitudes les plus fréquentes face à une difficulté

Devant un problème, on a la plupart du temps deux types d’attitudes (il en existe une troisième, heureusement : on en parle plus bas).

 

  1. On se dit : « C’est la faute des autres: de Untel, Unetelle, ou de la société, ou tout ça à la fois ». Ce qui évite de ressentir trop fort les émotions suscitées par la situation, et donne une occupation immédiate : partir en guerre contre Untel, Unetelle, ou la société, ou tout ça à la fois.
    Occupation assez gratifiante, puisqu’on se sent « un héros, bien supérieur à tous ces méchants ». Même si notre façon de sauver le monde se résume à quelques phrases venimeuses sur Internet ou au café du coin. Ce petit tapping peut remettre les pendules à l’heure, en douceur ; il s’appelle « Quand on joue au redresseur de torts ».
  2. On se dit : « C’est de ma faute : je suis nul(le), je fais tout de travers, je n’y arriverai jamais, à cause de ça ma vie va devenir un enfer, et je l’aurai bien cherché ».
    Là aussi, on a de quoi s’occuper : on peut radoter comme ça pendant des années, après tout, la culpabilisation fait partie de notre conditionnement à tous.

 

Points communs et différences, entre ces attitudes

Dans les deux cas, on a un « méchant » à attaquer : soit quelqu’un d’autre, soit nous-même. La différence fondamentale entre ces deux attitudes, c’est que :

  • La première est assez agréable, gratifiante : on est le « bon » qui défend le monde contre des « méchants».On trouve facilement des copains / copines pour participer au même « combat ».
    Tant que cette « lutte héroïque » ne se produit que sur Internet ou au café (ou dans la tête), les dégâts sont limités, bien que ça ne crée pas du tout de bonnes énergies). Mais si ces « héros » passent à l’action concrète, ça peut devenir beaucoup plus dangereux : agir, c’est excellent, mais quand ça part du Cœur, pas quand ça sert à fuir nos peurs.Une variante consiste à « sauver le monde de la misère » : on devient alors Sauveteur plutôt que Persécuteur (selon le Triangle de Karpman). On se voit aussi comme un « bon »… mais on cherche tout autant à fuir nos propres peurs.

 

  • La deuxième attitude est beaucoup plus douloureuse. Elle attire des gens, certes, mais ceux qui vous tapent dessus. Forcément, vous le leur avez demandé : avec un grand panneau énergétique «  Je mérite de souffrir, je suis une mauvaise personne ». Les innombrables  « héros » qui luttent contre le mal se feront un plaisir de vous rendre ce service ! 😉Au bout d’un certain temps, on finit par en avoir assez de se faire démolir (émotionnellement la plupart du temps, mais quelquefois physiquement). Puis en avoir assez de s’isoler pour éviter de se faire meurtrir.Et là, grand miracle : on commence à envisager qu’il soit peut-être envisageable qu’un jour, on souffre un peu moins ! Et qu’on y puisse quelque chose.Ce qui amène enfin à se poser les bonnes questions, et à chercher, en soi, les causes de sa souffrance. Eventuellement à se faire aider par un thérapeute. Voilà pourquoi, en termes de Triangle de Karpman, les thérapeutes reçoivent bien plus de « Victimes » que de Persécuteurs ou de Sauveteurs : c’est normal, les gens de ces deux dernières catégories « n’ont aucun problème »… LOL.

Des attitudes, pas des personnes… tout est fluctuant, et nous sommes multiples

Nous sommes multiples ; et les 3 postures de ce Triangle infernal ne sont pas immuables. Dans certains domaines, on est davantage Victime, dans d’autres : S ou P. Dans le paragraphe ci-dessus, je décrivais des ATTITUDES, pas des personnes : ces attitudes, nous les avons tous, plus ou moins inconsciemment, à certains moments, dans certaines situations.

 

Et la troisième attitude ?

C’est celle qui consiste à se Centrer sur notre Sagesse Intérieure, bien sûr. Et sur la réalité du moment. Le Ciel et la Terre, comme toujours.

S’il y a un problème à résoudre,  : on ne le résoudra pas en attaquant sans fin des ennemis imaginaires, ni en nous attaquant nous-même. Dit comme ça, cela paraît évident : s’il y a un problème à résoudre, on se focalise sur sa résolution, c’est tout. 

Ce qui demande d’être clair sur  3 questions incontournables, même si y répondre n’est pas forcément simple :

  1. Qu’est-ce qu’on veut ?
  2. Qu’est-ce qui est ?
  3. Qu’est-ce qu’on fait ?

Ces réponses nécessiteront peut-être :

  • de faire face à des personnes impliquées dans la situation. Les voir comme des ennemis ne facilitera pas les choses, les voir comme des ad-versaires (littéralement, des personnes EN FACE de soi) enlèvera un mur; des outils de communication bienveillante et efficace (la CNV par exemple) en enlèveront d’autres. Après, on verra …
  • de faire face à des parties de nous-même pas enthousiastes face à la situation. C’est donc une occasion de grandir intérieurement.  Et pour cela aussi, on a de plus en plus d’outils pour apaiser ces parties de nous avec Amour… l’EFT entre autres, bien sûr.

Et si on ne réussit quand même pas ? Après nous être posé les questions ci-dessus, on apprendra nécessairement de la situation, de la façon la moins douloureuse possible, ou mieux, de la façon la plus intéressante possible. On pourra alors évoquer la phrase de Mandela : « Je n’échoue jamais; soit j’atteins mon objectif, soit j’apprends ».

 

 

Le cycle de la croissance intérieure

En écrivant cet article, je réalise que, dans chaque étape de notre croissance, nous passons à travers ces 3 étapes. Plus ou moins rapidement. Depuis des centaines d’incarnations jusqu’à quelques secondes.

Comment cela ? Voilà :

  1. Etape 1 : « C’est de la faute des autres ». Pour voir à quel point elle a duré longtemps, il suffit de regarder l’histoire de l’humanité, donc toutes les fois où les humains ont cru résoudre leurs problèmes en trucidant d’autres humains (et au passage, les animaux et les plantes). Au niveau individuel, cela représente beaucoup plus d’incarnations « façon soudard » que de vies de poètes ou de philosophes.
  2. Etape 2 : « C’est de ma faute ». ! Cette attitude s’est infiltrée progressivement à travers les culpabilités induites par des religions déformées (passées,  par exemple, de « Aimez-vous les uns les autres » à « C’est ma faute, c’est ma faute, c’est ma très grande faute ».), et divers jeux de pouvoir poussant la « victime » à examiner sans cesse ses actes pour tenter d’éviter un châtiment.
  3. A force de souffrir de cette culpabilité et de ces peurs chroniques, des tentatives de solutions réelles (étape 3)  se sont esquissées : diverses religions se sont greffées sur les anciennes en tentant de retrouver leur sens profond (le soufisme au XIe siècle, par exemple). Puis des techniques de développement personnel : la psychanalyse, puis des façons de faire incorporant des pratiques de nombreuses cultures   (yoga, chamanisme, …), puis maintenant la floraison d’outils facilitant la Connexion au Meilleur de nous-même (depuis si peu de temps : 2000 ? 2012 ? Tout cela, beaucoup grâce à Internet).

 

Bien sûr, les humains n’ont pas attendu Internet pour trouver des vraies solutions à des vrais problèmes, qu’ils soient matériels ou spirituels. Il me vient l’image d’un tissage, où tous les fils seraient entrelacés depuis le début des temps, mais dans des proportions différentes :

  1. une très longue zone de fils surtout rouges, pour l’étape 1 où l’humanité ne trouvait rien de mieux que « tapez-vous les uns les autres »,
  2. puis une petite partie comptant de nombreux fils gris foncé, celle de l’étape « culpabilité ».
  3. et enfin, une petite zone blanc-doré-lumineuse qui commence à naître : celle de la 3e étape, où on cherche enfin  les solutions dans notre Divinité Intérieure, dans l’Axe Lumineux entre le Ciel et la Terre. Et ces solutions inspirées, en s’ancrant dans notre réalité terrestre, créeront enfin un monde apaisé et harmonieux.

 

Trois étapes, et trois cerveaux

On peut voir que ces 3 étapes correspondent aux 3 cerveaux :

  1. La première met surtout en oeuvre le cerveau reptilien : il sert avant tout à protéger notre corps physique contre toute sorte d’agression risquant de le détruire ou de l’endommager. Il est prêt essentiellement à l’attaque ou à la fuite, c’est bien ce que propose cette première étape : « c’est la faute de l’autre ».
  2. La seconde est activée par le cerveau limbique, celui des relations et des conditionnements dus au souhait de s’adapter à ces relations : on apprend à se comporter de la façon qui met ses proches de bonne humeur (ou de pas trop mauvaise dans certains cas). Et quand ces derniers ne sont pas contents, on se sent coupable et on se pose des questions sur soi (pas forcément les bonnes dans un premier temps; mais finalement, ça va dans le bon sens).
  3. La troisième (« Je me focalise sur la solution ») fait intervenir la logique  (cerveau rationnel  ;néocortex) et l’intuition. En d’autres termes, notre Sagesse intérieure, notre axe Ciel-Terre , qui va de l’intuition / inspiration jusqu’aux actes, concrétisant la solution.

 

Le schéma est en fait toujours le même, quel que soit le problème à résoudre :

  1. le cerveau reptilien détecte un problème (c’est son travail, entre autres)
  2. on nettoie les anciennes solutions-réflexes : attaque / défense, puis soumissions à nos programmations d’enfant. Le travail sur soi consiste exactement à cela, quels que soient nos objectifs.
    Ce nettoyage peut déjà être fait, ou demander des années de galères répétitives (ou simplement une thérapie, ça va plus vite !) : tout dépend dans quel état se trouve la zone liée à notre objectif.
  3. Le cerveau émotionnel (= reptilien + limbique) devient alors notre allié.  Travaillant de concert avec la logique, l’intuition, et divers « alliés terrestres » (aide d’autres personnes, outils physiques si nécessaire), on est bien partis pour que les choses s’améliorent.
  4. on peut agir efficacement une fois passées les

 

On a tous notre « tissage » particulier

Cela pour dire qu’il n’existe pas :

  • des « pas évolués-méchants » qui seraient toujours dans l’étape 1 (« C’est la faute des autres »),
  • et des êtres beaucoup plus merveilleux (nous par exemple) qui serions presque toujours dans l’étape 3 (« Je résous tous les problèmes grâce à mon haut niveau spirituel et mon inspiration céleste »).

Que nenni.

Exemples : Xavier est un excellent technicien, « tous ses circuits sont nettoyés » dès qu’il s’agit de réparer des objets. Dans ce domaine, il est comme un poisson dans l’eau, purement en étape 3. Par contre, très susceptible, la moindre contrariété relationnelle le fait exploser : ici, étape 1 : le « dinosaure » est toujours prêt à mordre.

Solange par contre, entre dans une colère noire dès que quelque chose ne fonctionne pas au niveau matériel, et les plombiers, électriciens, garagistes et autres, ont intérêt à rester calmes. Ils ne tardent pas à l’entendre hurler s’ils ne comprennent pas le problème avant même qu’elle ne leur ait expliqué. (étape 1, dans ce genre de situation). Puis une fois la panne réparée, elle culpabilise de son attitude (étape 2). Et ça recommencera, tant qu’elle n’aura pas résolu son « bug » avec les problèmes techniques. Parallèlement à cela, c’est une enseignante patiente et douce, toujours à la recherche de meilleures méthodes de travail (étape 3).

 

Culpabilité, crise, et « nuit noire de l’âme »

Le mot « crise » vient du grec « krisis » qui signifie « changement profond », pas « période désagréable et tumultueuse. »

A travers les réflexions précédentes, je réalise que la période « C’est de MA faute » n’est pas du tout le symétrique de la période « C’est de LEUR  faute ». Cette dernière  est beaucoup plus longue.

En effet, les  guerres sont valorisantes pour beaucoup : elles créent des grands et petits héros, et « résolvent » (fantasmatiquement) les problèmes individuels et collectifs aux dépens de peuples « ennemis ».
Enfin, la plus grande partie de la population en est persuadée.. et ceux qui ne le sont pas doivent se taire s’ils tiennent à la vie.

 

Quant à la période « C’est de ma faute », elle est bien trop douloureuse pour durer longtemps. Deux moyens d’en sortir :

  • tomber gravement malade et mourir, ou se suicider; bref, aller d’une manière ou d’une autre se faire remonter le moral dans l’Au-delà. On retrouvera un problème équivalent dans la vie suivante, en étant peut-être mieux équipé pour le résoudre … ou pas. Tout dépend de ce qu’on aura intégré de la « thérapie post-mortem ».
  • ou encore : CHANGER, et CHANGER VITE.

 

La « nuit noire de l’âme » est une période particulièrement douloureuse de lâcher-prise aboutissant généralement à l’Eveil spirituel, la fin de l’Illusion… pendant au moins un certain temps.

La culpabilité chronique provoque la dépression, qui elle-même provoque une perte d’intérêt pour les objectifs habituels, donc un certain lâcher-prise. Et enfin, une nécessité de se remettre en question.

– Waaa… ce programme n’est pas joyeux du tout ! Y a-t-il d’autres solutions ? –

– Heureusement oui : accompagner le changement au lieu de le subir. Donc, ne pas attendre que des crises (au sens ci-dessus) se produisent de façon douloureuse, mais grandir intérieurement le plus possible, sans qu’on aie besoin que la vie nous y pousse. Le sentiment de culpabilité, comme toutes les émotions, ne sera alors qu’un signal d’alarme très utile : dès qu’on l’a repéré, on le débranche (autant que possible !), et on cherche le plus rapidement possible la solution au problème qu’il signale. Autrement, il va hurler encore plus fort (= provoquer des symptômes douloureux). Alors, si on peut l’éviter, ou limiter les dégâts, c’est volontiers. 🙂

 

Pour aller plus loin…

Pour accompagner le changement en douceur, une aide est souvent nécessaire : parce que ce que nous avons le plus besoin de guérir est bien caché…

Et comme nous avons peur de l’explorer, nous avons tendance à retourner en boucle aux deux étapes précédentes :

  • rabâcher que c’est la faute des autres (étape 1)
  • ou ruminer que c’est la nôtre (étape 2).

Stop ! On peut faire ça indéfiniment. Alors que la solution est dans l’étape 3 : se poser les bonnes questions et guérir nos vieilles blessures. Pour adopter durablement une vision du monde qui nous rende enfin plus heureux(se).

 

 

 

 

 

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