Certains thèmes d’actualité déchaînent des tempêtes émotionnelles, qui ne facilitent pas les relations : ils créent des discussions houleuses, qui peuvent aller jusqu’à des disputes, puis à une méfiance réciproque.
Dommage, non ? Le comble de l’absurde, c’est qu’il s’agit souvent d’événements sur lesquels ni les uns ni les autres n’ont l’intention d’avoir une action immédiate, parce qu’ils ne savent pas comment faire.
Mes questions sont seulement :
- Quels sont les enjeux émotionnels, sous de tels affrontements ?
- Et comment calmer le jeu, de façon à arriver à des discussions constructives, où chacun puisse enrichir sa réflexion, grâce au point de vue des autres ?
L’effet physique de certains mots, les réactions émotionnelles.
Il suffit de mots comme « immigration, Islam, Christianisme, gouvernement, homosexualité », parmi des centaines d’autres, pour que les gens soient immédiatement sur le pied de guerre, que ce soit pour juger l’un ou l’autre ou pour appeler à la tolérance, parfois d’une façon … pas très tolérante.
Quel effet physique (secrétions d’adrénaline ?) ont eu sur vous ces mots ? Vous êtes prêt à défendre qui contre qui ?
Dans ce blog, je n’ai pas l’intention de prendre parti pour ou contre qui que ce soit.
Mais peut-être la lecture de ces mots chauds-bouillants vous a-t-elle fait oublier le titre et l’objectif de cet article …
Je les rappelle : je souhaite comprendre ce qui peut amener des personnes proches à se déchirer sur des sujets tels que ceux-là : quel mécanisme émotionnel fait que le désir d’avoir raison, de convaincre, passe tout d’un coup avant toute autre considération ???
S’interdire de parler politique et religion ?
Certaines personnes, certains groupes, s’en font une règle morale, dans le but d’éviter les conflits. Gros inconvénient : on risque de ne plus pouvoir parler de grand-chose, à part de la pluie et du beau temps …
Pourtant, l’objectif est louable : éviter ce genre d’explosion émotionnelle, qui a abîmé tant de relations humaines. Mais tant d’autres sujets peuvent provoquer cette « explosion »… chez certains, le sujet sensible, c’est le football , sauf si on est supporter de leur équipe; dans les villages, des clans se forment, entre partisans et adversaires de la chasse : ça peut vraiment être un sujet tabou. Et le développement personnel, alors ? Oh la la… ne dites pas à vos voisins que vous lisez ce blog, ils croiraient peut-être que vous êtes dans une secte ! 😉
Alors, on s’adapte, instinctivement, souvent sans s’en rendre compte. On sait qu’il ne faut pas parler « des jeunes d’aujourd’hui » à Papy sous peine d’entendre pendant deux heures que « de son temps, au moins, on travaillait »; qu’on doit éviter de faire ses courses en compagnie de Tata qui hurle sur les « écolos » chaque fois que vous mettez un produit bio dans votre caddy.
Donc : tout peut provoquer une tempête émotionnelle, parce que tout ou presque est relié à notre vision du monde, à notre philosophie de la vie.
Pourquoi notre vision du monde nous touche-t-elle à ce point ?
Parce qu’on s’y identifie. Nous disons : « Je suis » écologiste, ou « je suis chasseur », « je suis » supporter de l’OM (ou du PSG), ou encore « j’estime » que les choses devraient être comme ceci ou comme cela, et si elles ne le sont pas… c’est toute ma conception de moi-même et du monde qui s’écroule.
Pourquoi ?
Normalement, « Je suis » devrait se référer au Dieu en nous : il désigne la Source, le « Je suis celui qui Suis » de la Bible; ou encore le « So Ham » des Yogis, ce mantra que répète notre corps à chaque respiration (« So » : Je, inspiration; « Ham » : Suis, expiration).
Mais bien trop souvent, le « Je suis » désigne les définitions de nous qui proviennent de nos conditionnements, de nos opinions, de nos schémas; elles sont aussi multiples et contradictoires que nous sommes multiples et contradictoires, elles proviennent des différentes couches de notre psychisme.
On peut dire à la fois :
- Je suis le brillant PDG de l’entreprise Machin-Chose, un meneur d’hommes que rien n’effraie.
- Je suis un super séducteur, elles sont toutes folles de moi.
- Je suis adhérent à tel parti politique, j’ai des opinions incontestables sur les problèmes de notre société.
Mais d’autres couches du psychisme de la même personne affirment simultanément :
- Je suis un petit enfant, rempli de culpabilité parce qu’il a mieux « réussi socialement » que ses parents.
- Je suis un enfant blessé, cherchant sans cesse sa Maman, auprès de ses nombreuses conquêtes.
- Je suis terrorisé devant tous les problèmes qui se posent au monde, j’ai besoin de réponses sur lesquelles m’appuyer, et de gens qui me les confirment.
Et tous ces « je suis » font partie de nous au même titre que nos bras et nos jambes, notre mental se sent terriblement blessé quand quelqu’un semble les menacer.
Donc, en pratique, comment éviter que des discussions tournent « vinaigre » ?
Il en sera question dans l’article suivant :Et si on calmait le jeu ?
PS. Je ne pratiquais pas encore la CNV (Communication Non Violente) à l’époque où j’ai écrit cet article. En plus des précautions que j’y ai suggérées, la connaissance de cet outil me paraît maintenant FONDAMENTALE.
Cet article fait partie de la série :
- Ces discussions qui tournent mal
- Et si on calmait le jeu ?