Méchants pluriels, fractions et divorce : symbolique des apprentissages

On imagine facilement des émotions se déchaîner pendant un cours de philo, d’histoire, ou sur certains textes de français ou de langues étrangères, au moins au niveau lycée ou université. On est pour le contenu de ce qu’on apprend, on est contre, on débat avec passion, quelquefois aussi de façon plus nuancée, heureusement.

 

 

 

Pourtant, les maths, l’orthographe, c’est neutre ?

Personne ne s’est battu pour ou contre le théorème de Pythagore ou des règles de grammaire, semble-t-il…
Pourtant si, et beaucoup, tout au cours de l’histoire; comme à propos de toute innovation ou découverte.

Cependant, dans les collèges et les lycées, on conteste rarement les théorèmes ou l’orthographe. Souvent, ces sujets suscitent l’ennui, l’auto-dévalorisation, la colère… plus rarement, le plaisir de chercher et d’apprendre. Tout cela, c’est des émotions aussi !

Mais ce n’est pas de ces émotions dont il sera question aujourd’hui : on parlera d’émotions suscitées par le contenu des apprentissages.

 

Tout est symbole, et chacune de nos actions reflète la totalité de notre psychisme. Cela s’applique aussi aux matières scolaires.

 

On va voir ici quelques exemples d’interventions inattendues de l’inconscient. Je souhaite qu’ils  aident les parents et les enseignants à mieux comprendre « ce qui coince » quand un enfant est loin d’obtenir les résultats souhaités. Ce n’est pas de la mauvaise volonté, ce n’est pas un manque de travail de sa part… le problème est toujours ailleurs, au moins à l’origine.

 

L’inconscient nous protège… quelquefois bizarrement.

95 % de nos pensées sont inconscientes ; en d’autres termes, notre inconscient sous-tend 95 % de nos actions. Vous voyez à quel point il est important d’être à son écoute, d’apaiser les parties de nous qui s’opposent à nos projets.

Pourtant, notre inconscient n’est en rien notre ennemi ; il fait le maximum pour nous protéger, mais très souvent, ses façons de faire sont déconcertantes.

 

Des exemples de symbolique des apprentissages

Les anecdotes que vous allez lire sont des récits vécus, seuls les prénoms changent.

 

Les puissances : en maths… et dans la vie.

Pierre est en cinquième, je lui donne des cours particuliers de mathématiques depuis quelques mois. C’est un enfant calme, assez motivé, travailleur.

Pourtant, depuis plusieurs séances, nous nous heurtons sans cesse à la même difficulté : il écrit systématiquement : 23 = 6 ; 34 = 12 ; 25 = 10, etc. (dans des exercices de synthèse, où ces calculs étaient mêlés à d’autres, ne portant pas tous sur les puissances d’un nombre).

En réalité : 23 = 2 x 2 x 2 = 8 ; 34 = 3 x 3 x 3 x 3 = 81 ; etc. Cette notion s’appelle la puissance d’un nombre. 23 , 24 , sont des « puissances de 2 ».

Or le raisonnement spontané de Pierre était le suivant : « 23 = 2 x 3 = 6 » ; 34 = 3 x 4 = 12 ». il réduisait ainsi la puissance à quelque chose de plus petit : une simple multiplication.

Avant d’arriver à ce raisonnement, j’essaie tout l’ « arsenal logique » dont je dispose : vérifier qu’il a bien compris la définition (il connaît parfaitement son cours), analyser avec lui l’erreur       (- « quelle opération as-tu faite ? – Je le sais bien : une multiplication ».). Rien n’y fait.

Je le regarde : à chaque nouvelle erreur, il se recroqueville davantage sur sa chaise, son dos se voûte, il prend l’air de plus en plus malheureux… Au fond, il est très timide et introverti, Pierre, et pas seulement maintenant.

Je tente le tout pour le tout : « Dis-moi, et si ça avait un rapport avec la puissance que tu te donnes dans la vie ? Ton droit à toi d’être puissant, fort, libre ? Est-ce que ça te parle, ça ? ». Réponse : « Ah oui, peut-être bien;  à la réflexion, oui, ça me parle, sûr. »

 

Nous reprenons l’exercice : il le termine facilement. Puis d’autres, de plus en plus difficiles : il ne fait plus la fameuse erreur, au pire, il s’en aperçoit tout de suite et rectifie en souriant. Nous sommes aussi étonnés l’un que l’autre…

Même genre d’exercice une semaine plus tard : pas de doute, c’est gagné, l’erreur a vraiment disparu.

 

La même histoire, en sens inverse

Quelques mois plus tard, j’ai observé la même histoire, en sens inverse (véridique !) : Alexandra, 18 ans, est en Terminale. Elle paraît bien plus que son âge, elle fait du théâtre, du chant. Aussi sûre d’elle et expansive que Pierre était renfermé… eh bien, elle fait souvent l’erreur opposée !

Plusieurs fois, au cours d’exercices, elle « accroche » de la façon suivante : « 2 x 3 = 8, ah non : 6 ;  5 x 2 = 25, ah non 10 ». Il s’agit donc bien de : « 23 au lieu de 2 x 3, 52 au lieu de 5 x 2″…. les multiplications n’étaient sans doute pas assez « puissantes » à son goût…

 

« Si j’applique la distributivité, il va me rester quoi ? »

Le même Pierre, 3 mois plus tard, devient nerveux et maussade, il n’a « jamais le temps » de faire ses exercices, plus rien ne va. Pourtant, d’habitude, il était la douceur même.

Nous avons recommencé à piétiner sur une nouvelle formule, appelée la distributivité. Je finis par lui demander : « Visiblement, quelque chose ne va pas. C’est en rapport avec ce qu’on étudie en ce moment ? ».

– « Non, y a rien ; si, peut-être, j’sais pas… ». Puis brusquement, il explose, au bord des larmes : « si je distribue tout, comme ça, tout le temps, qu’est-ce qui va rester pour moi ??? »

Je lui pose alors une question bizarre : « Quelle division tu détestes le plus ? ».

Il répond aussitôt : « la division par 3… oui, je vois : j’ai deux petits frères, ils prennent toutes mes affaires. Qu’est-ce qu’ils sont pénibles ! »

Après, bien sûr, le cours de maths lui paraît plus clair…

 

La même histoire, en sens inverse (là aussi !)

Dans cette situation aussi, j’ai vu l’exemple inverse : Teddy, 16 ans, appliquait cette formule presque n’importe quand, à des moments où cela n’avait aucune utilité, au contraire.

J’ai dit à ce passionné de football américain, connu dans son lycée pour ses bagarres fréquentes, que j’allais lui poser une question bizarre : « Quand tu utilises cette formule pour un oui pour un non, à ton avis, tu distribues quoi ? ». Il réfléchit un instant, et répond d’un air gourmand : « Ooooh, je crois que je distribue … des coups de poings ! ».

 

Ces méchants pluriels…

Suffit-il de « faire attention » pour penser à mettre les marques du pluriel ?  Oh non, pas toujours, en tout cas.
Kévin, 10 ans, n’a pu les écrire qu’après avoir exprimé son gros chagrin : « Mes petits frères m’embêtent ! J’étais tellement mieux quand ils n’étaient pas là… ».
Comment, dans ce cas, peut-on accepter les pluriels quand on était si bien au singulier ! Chaque marque du pluriel lui aurait rappelé son mal-être, son inconscient l’en préservait en les lui faisant « oublier ».

 

Fractions et divorce

Thierry a commencé à prendre des cours de maths avec moi parce que « il ne comprenait rien aux fractions ». Pour le reste, sa scolarité se passait plutôt bien.

« Pourtant », disait-il en traçant ses barres de fractions avec une telle rage qu’il déchirait le papier (je n’exagère pas !), « mon Papa qui n’est pas mon Papa m’a encore expliqué mon cours hier soir et je n’ai toujours pas compris ! ».

Pauvre gamin, la « fraction-déchirure » qu’il ne comprenait pas n’avait rien de mathématique…

 

Plus généralement…

On sait maintenant que tout problème physique reflète une difficulté émotionnelle. La gestion de nos finances manifeste aussi notre rapport au monde :  par exemple, une lourde dette est souvent en rapport avec un sentiment de culpabilité. D’autre part, dès le XIXe siècle, Freud avait  commencé à décoder les « actes manqués » et les lapsus.

Bref, on sait que le moindre de nos actes exprime l’ensemble de notre psychisme. Il existe de même une symbolique des apprentissages, c’est logique.

 

Encore quelques exemples, pour préciser cette idée :

  • la soustraction peut évoquer le manque (manque d’argent dans la famille par exemple), le deuil (« soustrait à l’amour des siens »);  la blessure d’abandon…
  • on a vu (§ sur la distributivité) que la division pouvait évoquer un partage mal vécu, des conflits dans une famille (une famille « divisée »)
  • l’apprentissage des « racines » (carrées, cubiques, etc), ou même des poèmes de Racine, peut réveiller des nostalgies inconscientes chez des enfants d’immigrés ou des enfants adoptés.
  • la symbolique des nombres est à la base de la  numérologie, de l’architecture sacrée, et de tant de sciences traditionnelles et modernes; la symbolique des nombres dans l’inconscient a aussi été étudiée par des psychanalystes. Chaque nombre a une vibration particulière : on peut imaginer que si on connaît bien les tables de multiplication, excepté certaines opérations sur lesquelles on se trompe toujours, même cela, ce n’est pas par hasard.
  • Et en orthographe ? Une amie me racontait qu’il y a quelque temps, elle se sentait très seule dans sa famille : chaque fois qu’elle voulait écrire le mot « famille », elle commençait involontairement par écrire « faim » (sans toujours s’en apercevoir). Quand ses relations se sont améliorées, l’erreur a disparu.
  • Jeux de mots involontaires et « langue des oiseaux » :
    • des erreurs sur l’orthographe du mot « dent » pourrait évoquer un « mal de dents / mal dedans » (la faute d’orthographe est peut-être alors un signal d’alarme d’une souffrance intérieure)
    • écrire souvent « pair » au lieu de « père » pourrait signifier
      • qu’un « papa copain » n’est agréable qu’à certains moments : on pourrait préférer qu’il occupe davantage son rôle de père.
      • Ou inversement : cette erreur peut exprimer le désir qu’un « chef de famille » trop imposant descende de son « trône » pour être davantage à égalité avec ses enfants adultes.

C’est important d’être conscient de nos erreurs répétitives : elles n’ont pas toujours de conséquences par elles-mêmes, mais elles sont toujours un message de notre inconscient.

 

Il ne s’agit évidemment pas d’entamer une thérapie parce qu’on fait quelques fautes d’orthographe (la pédagogie compte aussi, tout de même !), ou qu’on cafouille souvent sur des calculs, sur des dates. Il s’agit simplement de savoir que ce genre d’erreurs est quelquefois une indication intéressante.

Surtout en cas de difficultés scolaires.

 

 

Et tout cela aboutit généralement à …

des mauvaises notes, des remarques désagréables de la part des enseignants et des parents, des moqueries de certains camarades… Puis une baisse de confiance en soi, une diminution du désir et du plaisir d’apprendre, pourtant inné.

Les enfants et ados développent alors de nombreux réflexes inconscients qui se résument à :

  • « apprentissage de telle matière => stress »,
  • « école => stress »,
  • « faire une erreur = danger »….

Ce qui ne facilite pas les apprentissages.

Une situation de souffrance en classe peut ne venir qu’en second, après un certain nombre d’erreurs, de difficultés (voir « comment se fabrique un nul en maths« ). Mais elle peut avoir aussi de nombreuses autres causes : chaque situation est unique.

 

Le but de ces articles sur les apprentissages est de donner des pistes plus humaines et plus efficaces que les sempiternels reproches du type « Tu devrais travailler davantage ». Ou pire encore : « Tu ne réussiras jamais ».

 

En résumé :

 

 

 

 

Ce que je peux apporter à votre enfant ou ado (ou à vous-même !)

J’ai été auparavant professeure de maths en collège, puis instit spécialisée pour les enfants en difficulté scolaire (RASED).

A travers de nombreux cours particuliers et en petits groupes, je me suis aperçue au quotidien du lien étroit entre l’émotionnel et les difficultés d’apprentissage, et de la souffrance réelle des apprenants dits en « échec » (en fait, échec scolaire, personne n’est jamais en échec sur tout ).
Et aussi de celle des parents quand les résultats scolaires deviennent « catastrophiques ».

 

 

Deux clés pour la réussite

Ma « double casquette » de thérapeute EFT et d’enseignante me permet :

  • de contribuer à décoder des difficultés scolaires comme dans les exemples ci-dessus;  et à  guérir la blessure émotionnelle qu’elles recouvrent.
  • d’éviter que les « blessures d’apprentissage » ne s’enveniment. Elles ne passent pas avec le temps, au contraire.
  • de donner à votre enfant des conseils personnalisés pour acquérir les bases indispensables à certaines matières (voir ici les principales causes des difficultés en maths), et des astuces inspirées de l’EFT pour être beaucoup plus Zen en classe.
  • d’aider les parents, qui sont souvent aussi inquiets que leurs enfants, si ce n’est plus…

 

Pour en savoir plus, cliquez ici ou sur la bannière ci-dessous :

ou pour me contacter directement  :

 

2 réflexions sur “Méchants pluriels, fractions et divorce : symbolique des apprentissages”

  1. Bonsoir Claude,

    J’ai toujours été réfractaire aux mathématiques.
    Je crois que je commence à comprendre pourquoi.

    Ce n’est pas maintenant que je vais m’y mettre ayant d’autres passions à assouvir.

    Ton approche sort vraiment de l’ordinaire.
    Bravo pour ton aide que tu apportes aux jeunes en difficulté.

    1. Bonsoir Hélène

      Merci pour ton commentaire. C’est sûr, on peut vivre très bien sans faire de maths… 😉 . Pourtant, si personne n’en faisait, on n’aurait pas d’ordinateurs par exemple, ça serait dommage.
      Mais mon job, en tant que thérapeute occasionnellement prof de maths, c’est surtout de « recoller les morceaux » des gamins qui ont fini par croire qu’ils étaient incapables de réussir. Les maths à l’école et au collège sont pourtant plus simples (et accessibles à tous !) que tant de gens le croient.
      Bises.

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