3. Blessure d’abandon : les stratégies

 

On a vu dans l’article précédent (« 2. Blessure d’abandon : croyances et émotions« )  les croyances liées à la blessure d’abandon : deux croyances de base qui en génèrent beaucoup d’autres. On parlera ici des stratégies qu’elles engendrent.

 

Rappel : dans la blessure d’abandon, le « dépendant » (voir ici,au paragraphe « Définitions », une définition plus nuancée et bienveillante de ce mot ») a peur d’être abandonné par quelqu’un, qu’on désignera par « son héros », son Parent Symbolique, et éventuellement par d’autres termes. Comme pour le mot « dépendant », voir : « 1. Blessure d’abandon : définitions, exemples, solutions« .

 

 

Il est important de voir que les stratégies appliquées pour préserver la relation au Parent Symbolique se transposent aussi :

  • aux relations aux autres personnes, qui sont à des degrés très divers, vus comme des Parents Symboliques
  • et à de nombreux domaines de la vie : projets, désirs autres que relationnels.

 

 

Stratégies pour EVITER de ressentir la blessure d’abandon :

 

Quand il y a un « héros »

  • La stratégie n°1 du dépendant, c’est de : s’accrocher aux personnes « aimées », être prêt à toutes les concessions, à se conformer aux désirs de l’autre, tant qu’il y a un espoir de maintenir la relation. Ce qui a d’énormes conséquences, voir plus bas : « Les stratégies pour maintenir la relation ».
  • Dans les moments de sécurité relative, tenter (vainement, en général) de faire changer l’autre pour qu’il s’adapte davantage à ce qu’on attend de lui : les critères inconscients pour se sentir bien sont très précis. Afin que la prison dorée dans laquelle on s’est enfermé(e) soit un peu plus confortable.
  • De même pour les projets, les actions : on persévère avec obstination, tant qu’on ne ressent pas encore trop la blessure.

 

Quand il n’y a pas de « héros »

On peut aussi être tellement découragé qu’on évite même les relations (ou d’entreprendre un projet qui nous plairait).  C’est ainsi que certains abandonnent toute relation prometteuse, provoquant l’incompréhension de la personne qui commençait à s’attacher au « dépendant » en panique. Parce que : si la relation marchait, et durait… on tomberait d’encore plus haut si elle finissait ! Ce serait trop horrible.

C’est la même chose pour un travail qu’on souhaitait obtenir, pour un projet qu’on a mené à bien et où on commence à réussir. On se « sabote » aussitôt pour éviter la souffrance qu’on ressentirait en cas d’échec.

Réaction très courante de l’inconscient : se jeter à l’eau pour éviter d’être mouillé par la pluie. Plus fort encore : pour éviter d’être mouillé si jamais il pleuvait.

 

Héros ou pas héros, telle n’est pas (tout à fait) la question

De plus en plus fort, on peut tout faire à la fois (c’est même assez courant) :

  • se maintenir dans une prison aimée-détestée (avec ses parents, avec un ex, avec ses enfants, …),
  • et tenter de retrouver d’autres relations (et / ou projet),
  • tout en s’empêchant d’y arriver.

 

 

Les stratégies pour maintenir la relation

Les stratégies du dépendant, j’ai failli écrire du « détenu », ont donc pour but :

  • de s’interdire de sortir de sa prison : donc s’interdire toute initiative, toute marque d’autonomie, hors du cadre défini par le « héros » (en partie implicitement, en partie explicitement)
  • de valoriser le « héros », afin qu’il l’ « aime » (façon de parler !), donc qu’il le garde près de lui.
  • et à l’occasion, de le forcer à rester (quelquefois : à manipulateur, manipulateur et demi !)

 

 

S’interdire de « sortir de prison »

S’interdire de « sortir de prison » revient à s’interdire tout ce qui est hors du cadre défini par le « héros » (explicitement ou implicitement).

Rappel : on a attiré notre « héros » actuel parce qu’il reflétait particulièrement les valeurs qu’on avait déjà intériorisées : c’est important de toujours garder en tête la Loi d’Attraction et l’effet miroir.

Donc, ce n’est pas « Je n’ai pas de chance, j’ai rencontré un méchant », c’est : « Nous nous sommes attirés mutuellement parce que nous avons des blessures complémentaires : la chose la plus intelligente à faire c’est de guérir vite ». Ce qui ne veut pas nécessairement dire : rester ensemble : chacun est responsable de sa vie.

 

S’interdire tout ce qui pourrait contrarier le « héros », et donc risquer qu’il nous abandonne (!), cela entraîne des comportements qui peuvent toucher à de multiples domaines de la vie. Comportements uniquement dictés par « Ne me quitte pas !« , par les enfants intérieurs  qui veulent maintenir à tout prix leur « Paradis perdu » fantasmatique.

 

 

 

Quelques exemples :

  • L’argent :  On risque de ne pas se donner le droit de gagner suffisamment d’argent, parce que  si on devenait plus autonome économiquement… on risquerait d’être tenté de s’affirmer et d’agir librement ! Surtout pas, le « héros-geôlier » pourrait ne pas supporter cela.
    D’autre part, quand on était petit, c’était Maman qui gérait notre argent de poche. Et la blessure d’abandon maintient « petit ». Le dépendant, est très attaché (à tous les sens du terme) à son Parent Symbolique, et aux comportements appris chez ses parents réels.

 

  • La santé : Être trop en forme ? ça peut être dangereux. Comme pour l’argent, si ça donnait trop envie de bouger… on risquerait de se cogner aux murs de notre prison et d’en souffrir. Non, pas de tentations inutiles !
    Sans attirer une véritable maladie, on peut se sentir toujours fatigué, un peu patraque…

 

  • Les relations : évidemment, pas de relations qui puissent contrarier le héros ! On peut avoir une vie sociale, bien sûr, mais « dans les clous » : les gens qui lui conviennent. Ou au mieux, tout de même, une vie sociale indépendante de lui : elle ne l’intéresse pas, donc on n’en parle pas, point, terminé.

 

D’autre part, dans sa terreur d’être abandonné, le dépendant laisse de plus en plus de pouvoir à son « héros », en conséquence, il a de moins en moins de compétences et d’opportunités pour reprendre sa vie en main.
On rappelle une fois de plus que c’est bien lui qui ferme à triple tour les portes de sa « prison », donc que son inconscient repousse les opportunités avant même qu’elles ne se présentent.

 

Être digne du « héros », le valoriser

Comme dans le paragraphe ci-dessus « S’interdire de sortir de prison », on va voir les mêmes points-clés de notre vie terrestre : l’argent, la santé, les relations. On va les voir ici sous l’angle « valoriser le héros », et dans le paragraphe suivant : « lui mettre la pression pour qu’il reste ».

 

Dans d’autres contextes qu’au paragraphe ci-dessus, l’argent, les compétences, les relations, peuvent être valorisantes pour le « héros ». S’il est dans un milieu financier, ses enfants doivent être « dignes de lui » : grandes écoles, apprentissage de la gestion, être prêts à reprendre l’héritage de Papa. (beaucoup moins utile que l’épouse ait ce niveau; une potiche décorative suffira… ou pas, ça dépend).

Si le « héros » est un bon artisan, il sera fier de ses proches s’ils le soutiennent dans son travail, sont prêts à prendre la relève.Mais, dans tous les cas : les « dignes » héritiers ne doivent pas lui faire de l’ombre. Ou bien, c’est ce dont ils se sont persuadés : je préfère rappeler régulièrement que le « héros » n’a quelquefois rien demandé !

Quel que soit le milieu, un bon élève est souvent plus « montrable » qu’un cancre. Quoi que… un « nul en maths » fils de « nul en maths » peut être très apprécié : il soutient ainsi son parent face à ses mauvais souvenirs d’école !

 

Forcer le « héros » à rester

  • L’argent, les compétences, les relations : ils peuvent bien servir la stratégie qui consiste à se rendre indispensable… (on rappelle que le héros est aussi, d’une certaine manière dépendant de ses admirateurs préférés : « tout flatteur vit aux dépends de celui qui l’écoute »… et inversement.)

Exemple : M.et Mme Dupont tiennent un garage depuis des années. Comme chez  beaucoup de commerçants d’un certain âge, Monsieur s’occupe de la partie technique, pendant que Madame tient les comptes et accueille les clients, sans avoir un statut administratif sécurisant. Elle est donc très dépendante de Monsieur, professionnellement, financièrement, … et aussi affectivement.

Or, Monsieur commence à trouver sa vie monotone, et peut-être à regarder ailleurs. Plus Madame s’en inquiète, plus elle devient performante : elle devient bien plus aimable avec les clients, et se mettrait presque à trouver la comptabilité passionnante.
C’est une meilleure réaction que de faire de la dépression, sûr. Mais elle est peut-être issue en partie d’un désir de se rendre indispensable, pour qu’il ne parte pas.

 

  • La santé. Histoire vraie, malheureusement : au moment même où Georges demande le divorce, son épouse déclare un cancer fulgurant à l’estomac. Elle n’a pas « digéré » la séparation, mais cela lui a « réussi » (si on peut dire…) : il est resté.

 

 

Stratégies quand on VIT vraiment « l’abandon » :

Plus exactement, ce qu’on vit comme un abandon. Et que quelqu’un d’autre vivrait peut-être autrement : comme une trahison, un rejet, etc.

Exemples de situations : rupture, simple dispute, mais vécue comme si elle était grave; séparation (même provisoire : voyage de l’un des deux, par exemple), décès; ou quand il ne s’agit pas de personnes : échec d’un projet, licenciement, perte d’argent…

 

Ou même mini-mini-abandon : il me revient qu’il y a longtemps, j’allumais une cigarette presque chaque fois que quelqu’un partait de chez moi : une amie, ou même un élève quand je donnais des cours particuliers. Avec le recul, je suppose que cette mini-mini-séparation touchait en moi une blessure d’abandon.

TOUT peut être vécu comme un abandon, ou une trahison, ou …peu importe.  Cela dépend de notre « blessure favorite », l’une des « cinq », ou éventuellement d’autres.

 

Que faire quand « le monde s’écroule » ?

S’il se sent abandonné, le dépendant a l’impression que le monde s’écroule.

Il a alors plusieurs grands types de solutions :

  • Tenter le tout pour le tout : la chanson « J’ai tout mangé le chocolat », de Sabine Paturel, résume avec humour l’escalade de la violence, dans le désespoir de l’abandon. Ce « tout pour le tout » ressemble beaucoup ce que fait un enfant qui hurle pour obtenir un jouet. ça peut marcher quand on a 2 ans, et encore…

 

  • Faire en sorte que son monde s’écroule pour de bon (Pas de « chance », on se réincarne).
    Plusieurs moyens : suicide, maladie grave, accident (ces derniers sont souvent des suicides déclenchés par l’inconscient). Il peut aussi tenter de faire écrouler le monde des autres à travers des actes désespérés : fusillades comme dans des lycées états-uniens, attentats en tout genre. A condition de ressentir que suite à cela, son monde à lui s’écroulera aussi.
  • Chercher au plus vite un « héros » de remplacement. On reviendra plus bas sur cette stratégie.
  • Ou se décider enfin à guérir sa blessure ! Souvent la solution choisie alors sera intermédiaire entre ces deux dernières. Celles-ci ne s’excluent pas : la recherche de divers « héros », de façon de plus en plus consciente, peut accompagner en douceur la guérison de la blessure.

 

 

Un héros de remplacement, vite !

 

Il est nécessaire de prendre en compte la gravité de « l’abandon ». Tout en fumant ma cigarette après les mini-mini-abandons dont je parle plus haut, je me souvenais que d’autres rendez-vous allaient suivre, donc que le monde ne s’écroulerait pas tout de suite (!).

 

Dans le cas de séparations nettement plus graves : le dépendant peut devenir accro aux  sites de rencontre pour retrouver quelqu’un. Et évidemment n’avoir aucune chance de trouver le bon tant qu’il patauge dans sa blessure d’abandon, encore aggravée par sa rupture récente.

Sites de rencontre, expériences sans lendemain… Plus la Vie « tape » sur la blessure, plus celle-ci s’élargit, et plus elle attire de nouvelles raisons de se faire taper. (Loi d’Attraction). Et moins le dépendant croit qu’il va retrouver un nouveau « héros ».

 

 

Heureusement, il arrive qu’à force de souffrir de la même manière, le dépendant en ait enfin assez, et décide de guérir ! Ou pas…
Là, la situation va encore s’aggraver. On en parle tout de suite.

 

Quand on n’y croit même plus…

Pour certains, la blessure refait surface si facilement, qu’ils vont quitter chaque relation dès que ses débuts s’avèrent prometteurs ; de même pour un travail, une activité où ils commencent à se révéler brillants.

D’autres, un peu moins touchés par cette blessure, vont la ressentir à la première difficulté réelle, ou à la deuxième, la troisième… Ils mettront alors en œuvre leur stratégie « préférée » : abandonner pour ne pas être abandonné, puis recommencer leur quête douloureuse.

 

L’étape qui suit, c’est de ne plus avoir aucun espoir de trouver un « héros » humain. C’est là qu’augmente le risque d’autres dépendances. Toutes celles qui ne vont – peut-être – pas abandonner le « dépendant » (sauf si l’argent finit par manquer) :

 

  • L’alcoolisme, le tabac, le jeu, et tout ce qu’il est convenu d’appeler « drogues ».
  • Il existe de nombreuses « drogues » plus discrètes : la télé, les jeux vidéos… Les collections en tout genre peuvent être une dépendance : objets, conquêtes sexuelles, argent (hé oui, en gagner de plus en plus, c’est une sorte de collection), …
  • Des dépendances peuvent passer pour brillantes, valorisantes : certains ne vivent que pour leur travail, ou pour gagner de l’argent, ou pour augmenter leur pouvoir (sur les autres). Ils passent souvent pour de fortes personnalités… alors qu’au fond d’eux-mêmes, se cache souvent un enfant effrayé.
  • Encore un ersatz de relations (surtout si on échappe relativement à la blessure de rejet qui interdit de se sentir bien dans un groupe) : faire partie d’un groupe d’adorateurs d’un grand « héros » : un personnage politique, le général d’une armée, une équipe de foot, une vedette du showbiz, un gourou de secte, un chef de gangsters, … Le groupe est fluctuant, on a l’espoir qu’il y reste toujours quelques personnes. On est alors accro au grand héros, dont on reste à une distance prudente, et au groupe, qui a peu de chances de se dissoudre, espère-t-on…

 

La descente aux enfers de ces stratégies peut se résumer ainsi :

 

Besoins; et meilleures stratégies ?

Les besoins réels sont les mêmes pour tous : sécurité, entre autres dans les relations humaines, besoin de reconnaissance, échanges justes.

 

Et le plus important, c’est : quoi faire pour sortir de là ?!

On a vu que les stratégies ci-dessus étaient plutôt désastreuses, parce qu’elles étaient toutes basées sur la croyance que la relation au héros était indispensable.

Or notre véritable Héros, le seul, est en nous : c’est notre Sagesse Intérieure, notre Connexion à l’Univers. Et c’est lui que nous tentons de retrouver, à travers tous nos actes un peu étranges…

 

On peut abandonner les stratégies douloureuses si on efface :

  • les croyances qui les sous-tendent
  • les émotions et événements marquants à l’origine de ces croyances.

Pour cela, je vais évidemment suggérer des protocoles EFT : au fur et à mesure que j’en écrirai, je mettrai les liens à la fin du premier article : « 1. Blessure d’abandon : définitions, exemples, solutions ».

 

Cet article fait partie de la série :

1. Blessure d’abandon : définition, exemples et solutions
2. Blessure d’abandon : croyances, émotions
3. Blessure d’abandon : stratégies
4. Blessure d’abandon : conséquences dans les relations, sur de nombreux autres aspects de la vie (à venir)

 

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