Je réponds rarement aux commentaires désagréables, mais ça m’arrive. En ayant souvent en tête des questions comme : Pourquoi un tel refus du bonheur ?
En effet, il est fréquent que des gens rejettent violemment les solutions à leurs propres problèmes, comme s’ils préféraient prouver qu’il n’y a pas de solution, et que tous ceux qui en proposent sont des escrocs ou des imbéciles.
Un dialogue sur Youtube, et des questions
– Mon commentaire à la vidéo : Tu dis : « Je veux que ce jardin soit un élargissement du champ des possibles » : magnifique, j’adore.
– moi : On peut aussi rétrécir le champ des possibles à ce qu’on croit connaître, ou s’apercevoir qu’on connaît tellement peu, et qu’on est toujours en apprentissage et en expérimentation. Je préfère la deuxième option.
– X : J’aime beaucoup discuter avec les gens qui remplacent les virgules par « champs des possibles ». L’hypnose par les mots, (pardon champs des possibles) ça transforme n’importe qui en immense philosophe …
– moi : être philosophe, ça veut dire « aimer la sagesse, la rechercher », en d’autres termes, faire le maximum pour accéder à notre potentiel infini, donc justement à « élargir de plus en plus le champ des possibles ».
L’hypnose par les mots qui consiste à « remplacer les virgules par « champs des possibles », ça peut s’appeler « se rappeler autant qu’on peut qu’il est essentiel de chercher plus loin », et que c’est cela qui rend la vie intéressante.
C’est mon point de vue, je ne cherche à l’imposer à personne. Là-dessus, si tout cela ne fait pas sens pour vous, ne perdez pas votre temps à me répondre. Bonne journée.
Un tel « dialogue » m’amène à me poser pas mal de questions : sur X, et sur moi.
Mes questions
- d’abord, celle du début de cet article : Pourquoi tant de gens rejettent-ils violemment les solutions à leurs propres problèmes, pourquoi un tel refus du bonheur.
Après tout, si X écoutait cette vidéo, c’était sans doute qu’il était inquiet de la sécheresse (réelle à certains endroits. Ce qui ne donne pas raison aux gouverne-ments qui prétendent résoudre ce problème en fliquant tous nos gestes).
C’est un très grave problème, qui se résoudrait en quelques années si on employait des méthodes simples et appropriées (permaculture au lieu de monoculture, respect des forêts existantes, il y a plein de solutions en fait).
En attendant, il faut d’urgence des solutions individuelles, locales : des jardiniers expérimentés en proposent. Ils témoignent des méthodes qu’ils utilisent pour n’arroser que très peu… et ils se font défoncer. Pourquoi ?!!
- Pourquoi X a eu tellement envie de répondre par des injures ?
- Je m’interroge aussi sur ma propre réponse, beaucoup moins CNV que d’habitude. Elle ressemble plutôt à « Tu vas voir, mon gars, c’est moi qui vais te damer le pion. »
Pourquoi un tel refus du bonheur ? Et pourquoi cette agressivité ?
- une première réponse ici, dans l’article Pas si facile, d’être heureux… Il y est question d’une sorte d’automatisme qui s’est développée : « A un moment où j’étais très heureux, j’ai eu un problème inattendu ; « donc », c’est dangereux d’être heureux. » (raisonnement typique de nos « Protecteurs maladroits » intérieurs)
- Une autre est liée à la blessure de rejet. D’après mes observations, derrière des situations de rejet, s’est développée la croyance : « Si on me rejette, c’est que je ne mérite pas de vivre. »
J’exagère ? Regardez votre ressenti à la loupe.
Ou représentez-vous les réactions de certains, qui souffrent visiblement de cette blessure, qui semblent vraiment être en refus du bonheur.
Blessure de rejet et raisonnement « étrange »
– Oui, mais ça ne rejettait personne, d’écrire : « Je veux que ce jardin soit un élargissement du champ des possibles : magnifique, j’adore ».
Où est le problème, alors ? pourquoi X est-il passé à l’attaque ?
Parce que les gens heureux et positifs, et ceux qui trouvent des solutions, sont, bien involontairement, des déclencheurs qui réactivent certaines blessures. Ce qui amène à deux croyances inconscientes, absurdes mais qui agissent fortement.
« Les gens heureux et positifs sont méchants »
Peut-être que toute forme de positivité renvoie X à ses propres blessures, déclenchant des associations d’idées comme :
« Ces gens semblent joyeux et positifs ; moi, je me sens pessimiste, malheureux. Je ne fais donc pas partie de leur « clan », « donc » ils me rejettent, donc je ne suis pas digne de vivre ».
C’est une conséquence immédiate de la croyance « Si on me rejette, c’est que je ne mérite pas de vivre. » Cette croyance a tellement fait tache d’huile que des déclencheurs de plus en plus minuscules suffisent à la déclencher.
« Les gens qui me proposent des solutions sont méchants »
On retrouve ici un « raisonnement » tout aussi logique que le précédent, et reposant sur des prémisses tout aussi fausses. Voilà :
« Untel présente des solutions là où moi je n’en ai pas trouvé, c’est qu’il est meilleur que moi.
S’il est meilleur que moi, il va me rejetter.
Si on me rejette, c’est que je ne mérite pas de vivre. »
Ce qui se généralise rapidement à : « Si quelqu’un ne dit pas la même chose que moi, il me rejette, « donc », refrain : je ne mérite pas de vivre ». Ou encore : « Il ne dit pas la même chose que moi. Et si il avait raison et que j’aie tort ? Alors il va me rejetter, « donc », refrain : je ne mérite pas de vivre ».
Pourquoi cette agressivité ?
OK, compassion envers lui, mais pourquoi il m’attaque ?
– Parce qu’il se croit en situation de survie ! Il n’arrête pas de se croire rejeté, et il est persuadé – inconsciemment » qu’en conséquence, il risque de mourir.
Se croire en situation de survie fait immédiatement passer au cerveau reptilien. Or ce dernier n’a que 3 possibilités : il prépare à l’attaque, à la fuite, à la sidération.
– Visiblement, X a choisi l’attaque ; pourquoi ?
Une réponse générale, c’est que de « pourrir » quelqu’un sur Internet n’est pas très dangereux.
En ce qui concerne spécifiquement X, j’imagine le « raisonnement » ci-dessous. X s’est dit quelque chose comme :
Ce commentaire « prétentieux » et ce permaculteur « m’attaquent » en disant cette phrase
=> ils sont donc mes ennemis
=> je dois me battre et montrer que je vaux mieux qu’eux (étant acquis que ce n’est pas dangereux).
=> Je retrouverai mon estime de moi,
=> même s’ils me « rejettent », je pourrai peut-être quand même continuer à vivre. (On garde en tête la croyance « Si on me rejette, c’est que je ne mérite pas de vivre. » ). Et je pourrai lâcher l’affaire s’ils sont encore plus agressifs que moi.
Ce « raisonnement » est inconscient, évidemment : mais les connexions neuronales qui correspondent aux associations d’idées ci-dessus sont certainement bien réelles.
Pourquoi je me pose de telles questions ? Et pourquoi MES réponses à ses bêtises commentaires n’étaient pas plus CNV ?
Devant un n-ième commentaire pas sympa sur des réseaux sociaux, je pourrais me dire « pas grave, c’est son problème. Il y a largement pire ».
Mais je suis thérapeute, donc j’aime comprendre le comportement des gens : normal, sinon je ferais un autre métier.
Surtout, si on veut un monde de paix et de sérénité, il est important d’observer tout ce qui ressemble à un début de violence, et de comprendre quels sont les ressorts de telles attitudes, chez les autres, et EN SOI.
D’autre part, le fait de me poser ces questions et d’y donner des propositions de réponses m’a apaisée un peu, j’ai moins envie de voir X comme un … (censuré 😉 😀 ), et même je ressens un minimum de compassion : après tout, il parle à partir de ses blessures et de ses conditionnements, comme ça nous arrive à tous si souvent…
Quand je relis cet article six mois plus tard, je réalise que mes réponses n’étaient pas bien méchantes. Cependant, l’énergie dans laquelle j’écrivais n’était pas au top : dans cette situation, je sécrétais aussi de l’adrénaline de façon très irrationnelle. D’où l’intérêt de me demander :
Pourquoi mes réponses étaient (presque) aussi venimeuses que les siennes ?
Quand je parle de mes réponses CNV sur les réseaux sociaux, j’avoue qu’elles me demandent souvent un certain temps. J’y arrive la plupart du temps (par exemple, dans quelques articles « prêts à l’emploi », dont « L’argent, un sujet qui fâche« .)
Dans la vie courante, je fais ce que je peux… comme tout le monde. Prendre le temps de réfléchir, sur le moment (pauses CNV), ou après, comme ici : ça aide.
En fait, pas besoin de chercher loin, je viens de retrouver cette vidéo : « EFT : utiliser les critiques pour grandir intérieurement« .
Sans doute aussi, je me sentais obligée de « défendre » quelqu’un dont j’apprécie beaucoup la démarche, (je ne le connais même pas personnellement !). Je vais donc réécouter cette autre vidéo : « Aider efficacement : EFT pour ne pas être Sauveteur«
Pour aller plus loin :
Vous trouverez d’autres tappings dans ma boutique, entre autres :
– peur d’être rejeté
– Deuils, séparations, et sentiment d’abandon