La manie de mettre des étiquettes sévit depuis longtemps, à commencer par les noms de maladies. Dans les hôpitaux, les humains sont souvent affublés du nom de leur maladie : le cancer de la chambre 124, l’appendicite du 235… J’adore le passage du film Dr Patch, où le grand ponte, au chevet d’une personne, demande si quelqu’un veut poser une question. Dr Patch (Robin Williams) acquiesce, et demande : « Quel est le nom de cette dame ? », puis il la salue en souriant.
Quelques fois, cette manie de mettre des étiquettes frise carrément le ridicule : ainsi, une céphalée est un mal de tête. Ce n’est pas plus court à dire, ça n’explique rien, mais ça fait tellement plus savant ! 😉 🙁
La dyslexie : un exemple de difficulté avec une étiquette bien collée
Je me souviens de ce que j’ai appris dans ma formation d’instit spécialisée pour les enfants en difficulté scolaire, ça m’avait marquée. Selon mes cours, la dyslexie, c’est une difficulté à lire, qui n’a pas de cause physique, ni physiologique, ni émotionnelle (!), en fait, dont on ne connaît pas la cause.
Conclusion : après de nombreux tests que passe un enfant qui a des difficultés en lecture, on lui met une étiquette savante pour dire qu’il a des difficultés en lecture.
Mais on ne sait pas pourquoi et on n’a pas l’intention de le chercher.
Des gens qui ont vu un enfant deux heures en tout et pour tout prétendent en savoir plus sur lui que ses parents et ses instits.
Et ce que l’enfant lui-même pense et ressent à propos de ses difficultés ? Tout le monde s’en f… , ça ne vient à l’esprit de personne de lui demander son point de vue. Tout cela m’éneeeerve !
Je suis peut-être mauvaise langue, mais je trouve que tous ces discours et ces étiquettages n’aident pas beaucoup. Il me semble tellement clair que si l’inconscient s’oppose à un apprentissage, ce dernier ne peut avoir lieu tant qu’un mur émotionnel empêche d’apprendre. Mais ça se guérit !
Avantages (?) de cette étiquette
L’enfant ou l’adulte étiquetté dyslexique peut bénéficier de temps supplémentaire dans les examens, éventuellement de la possibilité d’écrire sur un ordinateur plutôt que sur une feuille. Ce qui lui est réellement utile, dans le cadre de la société actuelle, avec ses notes, ses examens de passage. Et ce qui n’aurait aucun intérêt dans un mode d’éducation réellement centré sur l’épanouissement des êtres.
« Avantage » encore moins certain : l’enfant passe des heures et des heures à faire de la rééducation, encore plus d’exercices qu’il n’en fait déjà en classe… mais « grâce à son étiquette », c’est gratuit 😉 ! L’ennui, c’est que pendant tout ce temps, on ne prend pas en compte l’aspect émotionnel. Donc, sauf si l’enfant aime beaucoup son orthophoniste, c’est du forcing, rien d’autre. 😥
Avantages et inconvénients de ces formes d’étiquettage :
- elles permettent de faire partie d’un groupe d’autres personnes ayant la même étiquette.
– Cela présente certains avantages réels : on se sent moins seul, moins différent, mieux compris par les autres; on peut bénéficier d’activités réellement adaptées
– Cependant, l’inconvénient de beaucoup de groupes, c’est une certaine difficulté à en sortir. Guérir de sa difficulté peut même, quelquefois, être perçu comme une trahison, un abandon de ses anciens amis. - cependant, il existe un grand risque de s’identifier à cette étiquette, de se victimiser, et de ne pas chercher plus loin (ex. « je suis dyslexique, donc, je ne pourrai jamais faire ceci, cela ; et donc j’attends – j’exige – de la compréhension, tel et tel avantage, etc etc. »). Ou de se sentir supérieur si l’étiquette est valorisante : HPI, HPE, et même autiste Asperger. Le terme de Haut Potentiel m’exaspère : nous avons tous un Potentiel Infini. Bien sûr, certains ont une mémoire incroyable, une capacité de raisonnement fulgurante; bien sûr, c’est une réalité.
Cependant, parmi eux, certains sont insupportables de prétention; heureusement, beaucoup d’autres partagent avec plaisir leurs compétences : entre autres, la lecture rapide (voir : Prestolecture, Turbolecture, …), la mémorisation (Potion de Vie, …) - le regard des autres : qui identifient aussi la personne à son étiquette, plus exactement aux projections qu’ils font sur elle. Et se comparent : bien trop souvent, avec mépris et condescendance vis-à-vis de certains, admiration et jalousie vis-à-vis d’autres, les fameux « Haut Potentiel ». Ou en se dévalorisant face à eux.
Les étiquettes sont des outils… pas tous utiles.
Au passage : les étiquettes, les mots, les catégorisations, restent indispensables tant qu’on a besoin de la béquille qu’est le langage. (hé oui, on pourrait imaginer un monde où on communique normalement par télépathie…).
Ces étiquettes sont des outils. Mais tous les outils sont-ils utiles ? Les télégraphes ne sont plus utiles depuis l’invention d’Internet. On pourrait souhaiter que les bombes atomiques et autres « outils à tuer » n’existent plus, jamais.
Certains outils ont été très pratiques dans certaines circonstances, ne le sont plus dans d’autres. Et certains ne servent à rien, rien de rien : ou seulement à des objectifs toxiques pour le monde.
D’autres peuvent avoir de multiples usages, pas toujours souhaités à la base 😉 : on peut utiliser un marteau pour construire une maison écologique, on peut l’utiliser pour assommer quelqu’un.
Chaque outil est associé à la fois à un mode de vie, et à une vision du monde.
Voir la personne au delà de ses étiquettes
De mon point de vue, les étiquettages de personnes sont souvent dangereux. De même que les étiquettages de symptômes, de difficultés. Sans compter qu’on glisse si facilement de l’un à l’autre…
– alors, au lieu de dire « dyslexique », il faudrait parler de « Personne Rencontrant Certaines Difficultés De Lecture, bien qu’ayant par ailleurs de nombreuses compétences » ? 😂 (et abréger ça en PRCDDLBQAPADNC, ou à la rigueur PRCDDL ? Les sigles, c’est bien aussi… 🤣🤣🤣 )
Comme on parle de « personnes à verticalité contrariée », en fait … 🤨🙃
– Non plus 🤣. Tant que nous avons absolument besoin des mots, il est Essentiel de ne pas s’enfermer dans des mots, ni d’y enfermer les autres. Voir l’Infini des possibles derrière l’être enfermé dans quelques limitations, se souvenir que personne n’EST un dyslexique, un TDAH, un je-ne sais-quoi, mais que nous sommes tous des fractales de l’Univers, des Êtres illimités. Et s’en souvenir de plus en plus souvent, quels que soient les mots employés.
Les nouvelles étiquettes à la mode : les TDI
La manie de mettre des étiquettes se répand de plus en plus.
On vient de parler des HPI (qu’on qualifiait avant de « surdoués »), des HPE (avant, on n’attachait pas d’importance à l’émotionnel, il y a un progrès).
Dans un autre genre,on parle de plus en plus des TDI : Troubles Dissociatifs de l’Identité. Ils ont commencé à être connus du grand public suite au film « Split » (= « Divisé, scindé, dissocié ») . Ce thriller raconte l’histoire de Kevin, qui présente 23 personnalités différentes; les principales sont :
- « Dennis », poussé à enlever et séquestrer trois jeunes filles,
- « Madame Patricia », une femme distinguée qui commande certaines personnalités de Kevin,
- et « Hedwig », un garçon de neuf ans avec un fort zézaiement.
- Une 24e, « La Bête », se crée progressivement pendant le film.
Je ne vais pas spoiler ce film en dévoilant que ces multiples personnalités permettent à Kévin de fuir un traumatisme initial : c’est probablement l’origine de tous les TDI.
Collectionner les sous-personnalités : est-ce bien constructif ?
J’ai écouté quelques témoignages de personnes souffrant de TDI ; il y a même des sites consacrés uniquement à ce thème, où il est question de l’une ou l’autre de leurs personnalités, ce qu’elle fait quand elle est aux commandes.
Comme dans Split, ces personnalités ont des noms, des caractéristiques précises, pourquoi pas des cartes d’identité : jusqu’où va la manie de mettre des étiquettes… En fait, un humain reçoit l’étiquette de TDI, et passe son temps à coller fermement encore plus d’étiquettes sur des parts de lui.
Cela me semble extrêmement malsain, dangereux.
Chaque individu est unique, change à chaque instant.
Y compris les parts de lui, qui correspondent chacune à des petits, gros ou moyens traumas.
Les parts de nous ne sont pas gravées dans le marbre !
Exemple : quelqu’un veut passer un entretien d’embauche, pour un poste qui l’intéresse vraiment. Mais il est tétanisé et bafouille lamentablement. Pourquoi ?
–Une partie de lui, adulte, veut vraiment ce poste.
–Une autre partie revit l’angoisse qu’elle avait eu au tableau noir, à 6 ans, parce qu’elle ne savait pas sa leçon.
Cette partie n’est pas fixe, mais elle se manifestait chaque fois qu’il fallait parler devant des gens un peu impressionnants.
Elle peut se guérir très facilement, avec l’EFT, et / ou des visualisations.
On console la petite fille de 6 ans, on la rassure, on lui dit qu’on l’aime. Quelles que soient ses notes en classe, qu’elle sache ou non sa leçon. Dès qu’elle est apaisée, cette ancienne partie de nous redevient de l’énergie. Une énergie qui nous aide, au lieu de nous bloquer.
Inversement, si on la « solidifie », en lui donnant un nom, et en la considérant comme un alter, on va la garder toute sa vie.
La dissociation vient d’un traumatisme très grave. Pire, il est quelquefois provoqué et aggravé, comme dans les programmations MK-ultra.
C’est essentiel de tout faire pour le guérir. Et de mon point de vue actuel, on ne va pas du tout dans ce sens quand on « cultive » les sous-personnalités.
Pour aller plus loin …
et sortir des étiquettes qu’on nous a collées, et que nous nous sommes donc collées tous seuls.