La réaction en chaîne de l’énervement, le cercle vicieux de la peur puis de la colère… vous connaissez ? Je crois que tous les humains connaissent, un moment où l’autre.
Une situation très banale m’a aidée à mieux comprendre ce qui sous-tend ces situations. Et à trouver quelques pistes pour en sortir.
NB : Je précise tout de suite que l’adrénaline ne sert pas qu’à un affrontement irréfléchi (comme on pourrait le penser avec le schéma ci-dessus). Cette hormone essentielle prépare l’organisme à l’action, c’est l’ensemble du psychisme qui va déterminer si cette action est constructive ou non.
Quand un chaton se transforme en tigre géant
La situation : mon chaton, âgé de 3-4 mois, est habituellement très mignon. Il semble comprendre et accepter plutôt bien les limites qu’il est nécessaire de poser.
Pourtant, aujourd’hui, c’est « no limit », justement. Je ne veux pas qu’il entre dans notre chambre ; d’habitude, pas de problème, mais aujourd’hui : non.
Je sors, il s’engouffre par la porte ouverte : je dis calmement non, je l’appelle dehors, il s’incruste. Je le fais sortir, il y retourne, sous le lit, en plus. Tout cela plusieurs fois de suite.
Le « non » devient de moins en moins Zen, s’agrémente de paroles de moins en moins aimables, je commence à avoir des images de brochettes de chat à la sauce piquante pour le repas de ce soir, et je finis par m’enfermer dans mon bureau : toute seule, na ! Non mais…
Quand le cerveau reptilien s’en mêle…
– Ah, bravo ! des dizaines d’années de développement personnel, tout ça pour un résultat pareil. Je ne te félicite pas, franchement.
– Je suis humaine, quand même. Le cerveau reptilien se déclenche bien plus vite que la pensée, dès qu’il perçoit un danger, plus exactement ce qui représente pour lui un danger. Et dans cette situation, pour lui, ce minuscule chaton se transformait progressivement en tigre aux dents de sabre, de plus en plus gros à chacune de ses tentatives d’entrer.
D’autant plus que mon « dinosaure personnel » commençait à imaginer quelques films catastrophes : et si, en grandissant, ce chat devenait un terrible ennemi ? agressif, incontrôlable, dangereux…
Le cerveau reptilien déborde d’imagination pour prévoir des situations pires que la situation actuelle. De plus en plus horribles…
La seule chose qu’il est incapable d’imaginer, c’est que les problèmes se résolvent et que tout aille mieux, même mieux qu’avant. (normal, puisque sa fonction est de détecter les dangers et d’y réagir au plus vite).
Comment stopper ce délire ? pour commencer : j’ai fait un protocole EFT sur la colère, je savais que j’en trouverai beaucoup dans l’article : Pour éviter une épidémie de haine .
Dès le premier, je bâille à me décrocher la mâchoire.
Je ne me sens pas encore très « Peace and Love », mais ça va beaucoup mieux. Quelques prises de conscience s’esquissent, et je commence à rédiger cet article.
L’escalade de la « violence »
En me repassant le « film » en arrière, je réalise une fois de plus que la colère se nourrit d’elle-même :
- Le chat me contrarie une fois : pas grave, je dis non calmement, c’est suffisant la plupart du temps.
- Cette fois, ça ne marche pas, ni la première fois, ni la deuxième : l’adrénaline augmente, parce que la vision d’ennemi (vision d’ennemi : le fait de percevoir l’autre comme un danger, face auquel on ne voit qu’une solution : l’attaque) commence à se profiler inconsciemment.
- Donc, le ton monte de ma part, et lui, probablement effrayé, s’accroche à son idée d’aller dans la « pièce interdite », c’est peut-être pour lui une sorte d’effet tunnel (L’effet tunnel est un phénomène psychologique qui peut réduire drastiquement la vision périphérique, en cas de terreur extrême : une sorte d’hypnose où on est figé sur le danger, ou sur la fausse solution qu’on a trouvé). Les chats perçoivent énormément les énergies qui les entourent, la mienne était de moins en moins aimable, ce qui n’est pas habituel dans ma relation avec lui. Il devait vivre un peu ce que vivent les tout-petits (humains) quand leur mère s’énerve, où elle devient le « mauvais objet » (le « mauvais objet » est celui sur qui se cristallisent les peurs, les frustrations et la colère, même s’il n’a rien fait de mal). Ils la perçoivent alors comme une sorcière (donc : vision d’ennemie de leur côté aussi).
- Pour moi, mon cerveau reptilien interprète cela comme une provocation, une agression supplémentaire : l’« ennemi » devient de plus en plus dangereux, le tigre aux dents de sabre grandit.
Je m’accroche à ma « solution » du moment : crier de plus en plus, et le chat s’accroche à la sienne: tenter de se « réfugier » précisément là où je ne veux pas qu’il aille. Waaa ! l’intelligence de ces solutions ! et leur efficacité ! 😉 😛
Tout dans la « subtilité », autant l’un que l’autre. Le chat, et l’humaine : 1 point partout.
- Heureusement, après le 4e ou 5e épisode de ce feuilleton extrêmement répétitif : je réussis à prendre de vitesse le « tigre géant », et à me « réfugier » dans mon bureau. La suite, vous la connaissez : EFT sur la colère, puis tentative d’analyse dans cet article.
Cela rappelle mon article : « dispute dans un couple, des solutions« . Mais ici, l’angle de vision est différent.
Adrénaline et ventes d’armes : la « nécessité » d’un ennemi
L’adrénaline est notre première « arme » face à un danger. Cette hormone est sécrétée quand on décèle un danger, dans le but de nous défendre, par l’attaque ou la fuite.
Un danger réel ou imaginaire, ou démesurément amplifié.
En écrivant cet article, j’ai vu plus clairement pourquoi on a du mal à passer à autre chose au cours d’un conflit. Parce qu’on s’interdit (inconsciemment) de faire le travail nécessaire pour l’arrêter.
En effet, la persistance d’adrénaline entretient une idée d’ennemi (c’est vraiment une spirale infernale : hormone de fuite / combat => perception d’un danger / d’un ennemi => hormones de fuite / combat).
Tant que notre cerveau reptilien croit que nous sommes en danger, il n’a aucune envie de poser les armes. Donc, il maintient un taux élevé d’adrénaline, « au cas où » il soit nécessaire de se battre ou de partir en courant.
Exactement comme quand un pays a fabriqué des tonnes d’armement, il « faut bien » que ces armes soient utilisées : rien ne vaut une « bonne p’tite guerre » pour les écouler.
Un ennemi, oui : mais lequel ?
J’en reviens à notre corps « plein d’adrénaline ». Il lui « faut » un ennemi : qui peut-il être ?
-
- Si on est en pleine dispute, humaine ou « chattesque » : on garde le même ennemi et on continue ! Et la bagarre ne s’arrête que quand une solution est trouvée. Quelquefois une pause CNV permet de se remettre les idées en place, d’autres fois, la solution trouvée est catastrophique (des mots ou des actes qu’on regrette amèrement plus tard).
La plupart du temps, nous passons provisoirement à autre chose, sans avoir résolu le problème de fond. L’adrénaline est alors canalisée vers une autre activité, et se dissipe progressivement. D’où l’intérêt de passer à une activité physique : sportive ou autre.
- Si on est en pleine dispute, humaine ou « chattesque » : on garde le même ennemi et on continue ! Et la bagarre ne s’arrête que quand une solution est trouvée. Quelquefois une pause CNV permet de se remettre les idées en place, d’autres fois, la solution trouvée est catastrophique (des mots ou des actes qu’on regrette amèrement plus tard).
- Si la dispute s’arrête parce que nous avons été stoppés dans notre élan, nous pouvons continuer la querelle d’autres manières :
- En gardant le même « ennemi » : on va ruminer à quel point il est « méchant », jusqu’à ce qu’une urgence de la vie quotidienne nous amène à passer à autre chose.
- Ou en s’attaquant à un « ennemi » plus vulnérable, qui ne se défendra pas : je pense au court métrage « Le rat », où un patron hurle sur son associé, qui hurle ensuite sur son employé, qui rentré chez lui hurle sur sa femme, qui hurle sur son enfant, qui hurle sur le chien… qui finit par se défouler en tuant un rat.
- Ou en changeant d’ennemi : lire un article montrant que tous les problèmes du monde sont dus à tels politiciens, tels groupes humains, etc. Vive les journaux et les vidéos, en fait ! Ils permettent, entre autres, de passer à autre chose après un moment de colère. LOL : ce n’est pas la meilleure méthode, évidemment.
- Ou en piquant une crise de culpabilité, pour nous reprocher cette fameuse dispute : dans ce cas, une partie de nous se bagarre avec une autre, et c’est reparti !
Une conclusion très importante :
En résumé, le cercle vicieux de la peur se résume à :
Perception d’un « ennemi »
=> sécrétion d’adrénaline, nécessaire pour se défendre,
=> puisque l’adrénaline est là, et qu’on ne sait pas l’enlever, on garde ou retrouve un ennemi
=> ça continue en boucle.
Adrénaline et cortisol
J’ai parlé d’adrénaline jusque-là, pour ne pas alourdir le texte. Une précision est cependant nécessaire : l’adrénaline permet une action immédiate et puissante ; si le danger se prolonge, le corps sécrète du cortisol, hormone appropriée à une action de longue durée. C’est expliqué plus en détail ici : Cortisol, antilopes, yoga et EFT.
Le cortisol est presque toujours présent chez nos contemporains, assaillis de dangers latents (mode de vie inadapté et coupé de la Nature, « emplois » stressants et sans signification, stress latents dus à une peur inconsciente des autres humains, eux-mêmes en permanence sur le pied de guerre, etc. etc. etc. S’il en était autrement, les humains seraient aussi souples et détendus que les animaux; pourquoi ne le sont-ils pas ? (Encore une leçon de mon « gourou chat ».)
Une urgence : Calmons-nous !
On a vu plus haut que la persistance d’adrénaline ou de cortisol entretient une idée de danger, et d’ennemi. Notre cerveau reptilien maintient donc un taux élevé de ces deux hormones, pour le cas où il soit vital de se battre ou de partir en courant.
On peut donc prendre le cercle vicieux : « danger / ennemi => adrénaline ou cortisol => danger / ennemi » par l’un de ces deux maillons, celui qu’il nous est plus facile à « attraper ».
L’adrénaline / cortisol dus au conflit du moment
S’il nous arrive d’avoir un moment de lucidité dans de tels moments, il serait bon de se rappeler la phrase : « Même si en ce moment précis, je ne vois en lui (ou elle) qu’un monstre immense et terriblement dangereux, je me rappelle que quelques minutes plus tôt, je le voyais comme :
- quelqu’un que j’aime (conjoint, enfant, ami.e. ou … chat),
- ou au moins comme un humain plutôt neutre, pas dangereux au moins dans le contexte où nous étions.
Donc, je peux déposer mes « armes hormonales », et respirer un grand coup (surtout l’expir !) pour apaiser tout cela.
Puis faire éventuellement une pause CNV, où on va peut-être :
- faire de l’EFT pour se calmer
- et se poser les « questions CNV » : « quels sont les besoins pas satisfaits dans cette histoire, les siens et les miens ? De quelle manière (précise, concrète, réaliste) pouvons-nous les satisfaire de façon à préserver notre relation, voire même à l’améliorer ? »
Le cortisol latent, bien trop présent en nous tous
Bien sûr qu’il y a beaucoup de questions à se poser sur notre mode de vie, notre métier (ou « emploi »), nos relations aux autres et à nous-mêmes.
Mais des améliorations globales peuvent se faire très très souvent dans une journée, à condition d’y penser :
- quelques soupirs ou respirations plus longues sur l’expir permettent de diffuser de l’acétylcholine, contrepoison du cortisol inutile.
- La cohérence cardiaque a été très étudiée à l’institut Heartmath : il a été prouvé que quelques minutes par jour de cette technique ultrasimple faisaient une énorme différence.
- Visualiser de la Lumière blanche, dorée, ou de la couleur dont vous sentez qu’elle vous apaisera sur le moment.
- Et au moindre stress repérable, de l’EFT mentalement ainsi que beaucoup de moyens listés dans Secourisme émotionnel : Mini-protocole EFT, et quelques techniques très rapides et discrètes pour se calmer (+ vidéo)
Et si des parties de nous refusent de faire ça, trouvent mille et un prétextes pour renoncer instantanément à cette idée, il est essentiel de leur rappeler qu’elles sont en train de tenter de se protéger d’un ennemi imaginaire.
Et que là, clairement, ce « remède » est bien pire que le mal !