On a vu dans cet article que quand on râle ou quand on gémit, le tout en boucle bien sûr, on a surtout besoin d’empathie. L’ennui, c’est qu’en même temps, souvent, on s’interdit d’en recevoir.
D’où le fait de tourner en rond, parfois pendant des années, parfois pendant toute une vie.
Comprendre cela, c’est vraiment une clé :
- on « hurle » (indirectement) qu’on a besoin d’empathie
- ET : on s’interdit de la recevoir, on est terrifié à cette idée.
Comment sortir de ce cercle vicieux ?
Pourquoi ne pas accepter l’empathie ?
Quand on se pose la question ainsi, on trouve de multiples raisons. J’en analyse quelques-unes ci-dessous.
Mais d’abord, il est essentiel de se souvenir que : notre inconscient, qui nous adore (vraiment), fait tout pour nous protéger. A sa façon. (voir : « Saboteurs intérieurs, ou Protecteurs maladroits ? »), Dès qu’une expérience de la vie nous a fait ressentir quelque chose comme douloureux, il fait tout pour l’éviter. Sa devise, c’est « Chat échaudé craint l’eau froide ».
Nous avons tous vécu des moments difficiles dans nos relations; et selon ce que nous en avons conclu, nous limitons un peu (ou beaucoup) ce que nous pouvons en recevoir, de peur de souffrir de nouveau. De plus, nous avons absorbé une bonne partie des peurs et croyances de notre entourage.
Voici donc quelques croyances qui amènent à refuser l’empathie ; il y en a certainement d’autres.
- « on ne se méfie jamais assez, il faut toujours être sur ses gardes ».
- « Chaque fois que je cherche de la gentillesse, je souffre encore plus que si je ne la cherchais pas »
- « Avoir besoin des autres, c’est de la faiblesse. Il faut se débrouiller tout seul ». Ce qui va tout à fait avec la croyance qu’on n’avance qu’en se mettant la pression.
- « Interdiction » d’utiliser certains moyens (efficaces) pour s’en sortir.
- Bénéfices secondaires de la souffrance.
Le sujet principal de cette série d’article, c’est : qu’est-ce qui empêche de recevoir de l’empathie ?
Mais si recevoir de l’empathie réactive d’anciennes blessures / croyances, en donner les réactivera peut-être davantage encore. (voir : La perversion narcissique, d’autres regards).
Le fait de recevoir de l’empathie et celui d’en donner, c’est donc intimement lié. Avec autant de variantes qu’il y a d’individus, comme toujours.
Revenons-en aux croyances ci-dessus, et regardons-les en détail.
1. « On ne se méfie jamais assez… »
Ce refus de baisser suffisamment sa garde pour accepter la bienveillance de l’autre vient souvent de la peur de se montrer vulnérable, et que l’autre « en profite ». Même si on sait très bien objectivement que ce n’est pas son style.
Comment s’est développée cette peur, cette méfiance ?
Être méfiant peut être simplement de la prudence : cette attitude est soit basée sur des risques réfléchis (éviter certains quartiers le soir par exemple), soit sur une intuition (« Cette personne, je ne la sens pas. Je vais refuser sa proposition. »).
Par contre, la méfiance systématique est en rapport avec une blessure de trahison. Un exemple : à l’âge de dix ans, vous aviez fait des confidences à une copine et elle s’en est servie contre vous. Votre inconscient s’est alors dit : « Plus jamais ça ! », et s’est enfermé dans la solitude.
2. Quand l’empathie fait mal
Si quand on était tout petit on cherchait tellement un câlin de Maman et qu’on ne l’obtenait jamais, on s’est constitué inconsciemment une croyance : « Chaque fois que je cherche de la gentillesse, je souffre, encore plus que si je ne la cherchais pas ».
Donc, le moindre sourire, le moindre geste affectueux réveille une sourde inquiétude : « Ah non, ne venez pas toucher à cette zone douloureuse en moi, laissez-moi tranquille ».
3. « Sois fort ! Tu n’as besoin de personne. Débrouille-toi tout seul ».
Le « sois fort ! » est l’une des 5 injonctions de l’Analyse Transactionnelle. Accepter l’empathie est perçu comme de la faiblesse par celui est imprégné par cette injonction.
Ces croyances jouent aussi sur le fait de s’impliquer ou non dans un travail sur soi…
Suite à de telles croyances, de nombreuses personnes se privent de l’écoute dont ils auraient tant besoin, avec un thérapeute ou une personne bienveillante de leur entourage.
Ils refusent aussi de soigner leurs blessures, même seuls (il y a pourtant tellement de livres, et de sources d’information sur Internet…). Parce que ce serait se donner de l’empathie, et même ça, c’est « dangereux ».
Intéressant de voir en quoi cela joue sur les a priori qu’ont certains sur les thérapeutes, guérisseurs, naturopathes, et autres professions d’aide (peut-être même les médecins officiels, dans une certaine mesure).
Amusez-vous à trouver à laquelle des croyances ci-dessus correspondent les jugements suivants :
- tous des arnaqueurs ! Tout ce qu’ils veulent, c’est l’argent.
- Pas besoin d’eux, je peux me débrouiller tout seul.
- De toute façon, pas besoin d’essayer : pour moi, ça ne marchera pas.
- et le top du top, un commentaire que j’ai eu sous ma vidéo « EFT : Sentiment d’être méprisé, et Effet miroir » : « Sorcière ! Vous êtes démasquée. Votre intérêt est de faire croire aux gens qu’ils sont méprisé ou mal aimé pour intervenir ensuite en sauveuse et vous enrichir de vos sales manipulations. Sorcière ! »
4. Croyances sur les « moyens interdits » :
Les moyens qu’il est « interdit » d’utiliser pour s’en sortir (pas de chance, ce sont justement ceux qui sont efficaces) . Un mur de « si tu dis / penses / crois ceci, tu es stupide / naïf, puéril / méchant » empêche de penser, donc de résoudre un problème.
Par exemple : Si tu crois qu’un psy / que les médecines alternatives peuvent t’aider…; si tu t’intéresses à ceci, cela….; si tu crois aux fantômes, à la réincarnation, à la théorie du complot, ….alors tu es stupide / … méchant ».
Certains mots jouent alors un rôle de déclencheur, comme une brûlure au fer rouge : « ah non, moi je ne veux pas entendre parler de ça, ss-entendu parce que je passerais alors pour stupide / naïf, puéril / méchant, et c’est hors de question ! Je suis prêt à tout (rupture avec des proches, des amis de longue date, rester malade, seul, fauché) pour qu’on ne me mette pas ces étiquettes. En fait, la peur de ces étiquettes revient à une blessure de rejet : la peur d’être rejeté parce qu’on serait vu comme stupide / naïf, puéril / méchant.
5. « Mon seul moyen de créer du lien, c’est de souffrir ».
Quand on souffre, on attire l’attention, des gens vous écoutent, vous approuvent. C’est ce qu’on appelle les bénéfices secondaires de la souffrance.
Mais attention, il ne faut surtout pas qu’on vous propose des solutions efficaces ! Pas question de vous faire sortir du club si chaleureux des gens-malheureux-qui-ont-tellement-raison-de-se-plaindre. Sans doute parce que quand on est dans ce club, on est à l’abri des reproches et des exigences : on ne va quand même pas faire des reproches à quelqu’un qui se sent déjà si mal ! Ce serait « le coup de pied de l’âne », stupide, cruel, méchant ! En fait, quand on est « suffisamment malheureux, voire malade », on gagne le droit qu’on vous fiche la paix. Très bon plan quand on n’envisage pas qu’il existe d’autres solutions.
Et quand au « trouble-fête » qui ose insinuer qu’il y a des solutions pour guérir, pour être plus heureux… ouste, dehors !
Peur de ce qui se passerait si on sortait de sa prison, perçue comme beaucoup plus rassurante que le monde extérieur.
Je me posais la question il y a des années de : Pourquoi tant de gens ont peur du développement personnel. Je viens en fait de continuer à y répondre.
Râler, ou se plaindre ?
On peut considérer ces deux actions « extrêmement constructives » (mdr), comme étant la face externe d’un masque, ou d’un bouclier. : « Ne me contrariez pas sinon je mords ! ».
L’envers du décor, on va le voir plus bas : c’est un petit enfant triste, qui ne demande que de l’empathie et de la tendresse.
Des stratégies pour se protéger …
Râler, ça marche « bien » : quelqu’un qui critique en boucle : son patron, le gouvernement, ses voisins, ses parents, etc. etc. est rarement interrompu. Soit il se trouve des copains pour approuver son discours, soit on le fuit.
Si d’aventure on tente d’exprimer un point de vue différent, on se doute qu’on aborde un terrain miné. On essaie un peu, mais pas trop longtemps…
Être malade, ou avoir des gros problèmes, sert aussi à se protéger. (Oups, si je dis ça, je vais me faire mal voir…)
Le corps est le tableau de bord de notre psychisme, ça c’est clair : il indique de façon précise les maux / mots qu’on n’arrive pas à exprimer. Il en est de même pour tous les événements pénibles de notre vie.
C’est très utile de le savoir quand on veut vraiment décoder leur message. Mais quand on ne le veut pas ? Parce qu’on a trop peur, qu’on est persuadé qu’on ne saura pas faire face à ce qui est exprimé ? (voir tapping : guérir nos zones de désespoir)
Dans ce cas, reste à « profiter » des bénéfices secondaires de la maladie ou du problème :
- Les autres prennent soin de vous
- On a le droit de geindre et de se plaindre sans limite : « le pauvre, on le comprend… »
- Et on est bien placé pour éviter les questions qui fâchent, comme « Sais-tu que ton corps / ton problème exprime quelque chose ? Et que tu peux guérir si tu écoutes ce qu’il exprime ? ».
Auquel cas l’intéressé peut répondre facilement, avec l’approbation de son entourage : « Tu ne respectes même pas ma maladie / mon problème ! qu’est-ce que tu ferais à ma place, hein ?! Je voudrais bien t’y voir, tiens ! tu ferais moins la maligne… » (Vous lui aviez bien dit, ce que vous feriez à sa place : décoder ce qu’exprime le problème, et le résoudre par tous les moyens dont vous disposez… mais il n’est pire sourd que celui qui ne veut pas entendre.)
Sous les plaintes, il y a souvent (toujours ?) beaucoup d’agressivité; beaucoup de colère exprimée sous une forme plus « acceptable ».
Mais la colère réapparaît à la moindre proposition de chercher plus loin : « Je voudrais bien t’y voir, tiens ! qu’est-ce que tu ferais à ma place ?! » (on me l’a déjà dite, celle-là…)
Cette colère me semble maintenant avoir toujours la même source :
- on demande désespérément de l’empathie (du lien, de l’Amour)
- mais on se la refuse en même temps.
C’est le désespoir de quelqu’un qui se cogne contre les murs d’une prison… dont il a les clés (à un certain niveau de lui-même).
Encore faut-il qu’il se donne suffisamment d’empathie pour les chercher et les retrouver. Se donner suffisamment d’empathie ? Aïe, c’est là tout le problème.
Tout cela, c’est pour protéger qui ?
Derrière tous ces terribles masques / boucliers se cachent des enfants intérieurs tellement tristes, tellement assoiffés d’amour et d’empathie.
Assoiffés, oui… Parce qu’à force de s’appuyer sur sa devise « Chat échaudé craint l’eau froide », l’inconscient / chat finit par ne plus boire du tout.
Voici un protocole EFT pour consoler ces enfants tristes : Consoler l’enfant (intérieur) en demande.